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Richard Stallman, précurseur du logiciel libre, démissionne du MIT et de la Free Software Foundation

M. Stallman a démissionné à la suite de la publication d’échanges liés aux conséquences de l’affaire Epstein dans la célèbre université, en partie déformés par la presse américaine.

Le Monde

Publié le 17 septembre 2019 à 12h42, modifié le 17 septembre 2019 à 20h15

Temps de Lecture 3 min.

Richard Stallman lors d’une conférence à Saint-Etienne en 2008.

Richard Stallman, l’un des principaux créateurs du logiciel libre et fondateur de la puissante association Free Software Foundation (FSF), a annoncé, lundi 16 septembre, sa démission du Massachusetts Institute of Technology (MIT), où il enseignait. Peu après, la FSF annonçait la démission de M. Stallman de la présidence de l’organisation.

En cause, la publication d’un e-mail envoyé par M. Stallman il y a une semaine dans une conversation tenue au sein du MIT, dans une boucle de discussion consacrée aux répercussions de l’affaire Epstein dans la grande université américaine. Le campus du MIT connaît, en effet, un très vif débat depuis plusieurs semaines, après des révélations dans la presse américaine montrant que le Media Lab de l’université avait accepté d’importantes donations de la part de Jeffrey Epstein, que l’université avait anonymisées. Joy Ito, l’ancien directeur du Media Lab, a démissionné le 8 septembre à la suite de la révélation de cette affaire.

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Un autre chercheur impliqué

Sur les réseaux sociaux et dans plusieurs articles de la presse américaine publiés ces derniers jours, dans la foulée de la démission de Joy Ito, M. Stallman est mis en cause, car il aurait « affirmé que les victimes d’Epstein étaient consentantes ». En réalité, ce n’est pas ce qu’a écrit M. Stallman, comme le montrent les échanges par e-mails publiés en ligne, qui sont la source de ces affirmations.

Richard Stallman n’y prend à aucun moment la défense de Jeffrey Epstein, mais celle de Marvin Minsky, un spécialiste de l’intelligence artificielle mort en 2016 qui était une figure marquante du MIT. Un témoignage recueilli par les enquêteurs travaillant sur le dossier Epstein affirme qu’une jeune femme a eu une relation sexuelle avec M. Minsky, alors qu’elle avait 17 ans et M. Minsky 73, à la demande de Ghislaine Maxwell, la proche associée de M. Epstein.

Dans une liste de discussions par e-mail interne au MIT, dont les échanges ont été publiés par une étudiante de l’université qui appelait à la démission de M. Stallman, ce dernier proteste contre la manière dont était formulé un appel à manifester largement diffusé au sein du MIT, qui évoque le nom de M. Minsky.

« Je ne vois aucune raison de ne pas croire le témoignage [de la jeune femme ayant expliqué avoir eu une relation sexuelle contrainte avec M. Minsky] », a écrit Richard Stallman dans un e-mail de la liste de diffusion. « Mais l’utilisation du terme d’“agression sexuelle” sous-entend qu’il a utilisé sa force physique pour la contraindre d’une manière ou d’une autre, mais ce n’est pas ce que disent [les articles sur le sujet]. Simplement qu’ils ont eu une relation sexuelle. Il est possible d’imaginer de nombreux scénarios, mais le plus plausible est qu’elle s’est présentée comme entièrement consentante. Si Epstein la forçait à avoir des relations sexuelles, il avait toutes les raisons de lui dire de cacher [qu’elle agissait sous la contrainte]. »

« J’ai écrit qu’Epstein est un violeur en série »

S’ajoutent à ce message, très mal perçu par ses collègues, comme le montrent plusieurs réponses dans le même échange, de précédentes prises de position controversées de M. Stallman. Il s’était, par exemple, prononcé par le passé en faveur d’un assouplissement des lois sur la pédopornographie ; le fait que la porte de son bureau soit ornée d’un panneau souhaitant la « [bienvenue] aux jolies filles » a également agacé.

Figure incontournable du mouvement des logiciels libres, dont le code informatique est librement consultable et modifiable, Richard Stallman est largement considéré comme un « ultra » de la liberté d’expression et de l’opposition aux grandes entreprises du Web et à la surveillance de masse. Souvent cassant, dans ses textes comme dans ses discours, aimant se promener pieds nus et de son propre aveu mal à l’aise dans les interactions sociales, il avait rejoint le MIT en 1975.

Le 14 septembre, Richard Stallman a publié un nouveau message sur son blog, doublé d’un message d’excuses sur la liste de diffusion du MIT. « [Les médias] ont totalement déformé mes propos », y écrit-il. « Ils écrivent que je défends Epstein. Rien ne pourrait être plus éloigné de la vérité. J’ai écrit qu’il était un violeur en série et que sa place était en prison. […] Je regrette de ne pas avoir pu empêcher cette incompréhension. »

Le Monde

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